Le documentaire « Ici on noie les Algériens » nommé aux César 2012

La réalisatrice Yasmina Adi est nommée aux  César 2012 (Oscar français du cinéma). Celui du Meilleur film documentaire. Et ce, pour Ici on noie les Algériens lors de la  37ème cérémonie de remise des César, le 24 février, au Théâtre du Châtelet, à Paris

Affiche du film documentaire Ici on noie les Algériens de Yasmina Adi

Le pitch du film documentaire Ici on noie les Algériens de Yasmina Adi ? A l’appel du Front de libération nationale (F.L.N.), des milliers d’Algériens venus de Paris et de toute la région parisienne, défilent, le 17 octobre 1961, contre le couvre-feu qui leur est imposé. Cette manifestation pacifique sera très sévèrement réprimée par les forces de l’ordre.
50 ans après, la cinéaste met en lumière une vérité encore taboue. Mêlant témoignages et archives inédites, histoire et mémoire, passé et présent, le film retrace les différentes étapes de ces événements, et révèle la stratégie et les méthodes mise en place au plus haut niveau de l’Etat : Manipulation de l’opinion publique, récusation systématique de toutes les accusations, verrouillage de l’information afin d’empêcher les enquêtes…

 Une violence passée sous silence

« C’est en 2007 que l’idée de ce documentaire m’est apparue, lors de la préparation de mon précédent film « L’autre 8 mai 1945 – Aux origines de la guerre d’Algérie ». Ce film rappelait qu’en Algérie, lors du défilé célébrant la victoire contre l’Allemagne nazie, les Algériens avaient revendiqué leur indépendance. Ils subiront une répression qui fera des milliers de victimes. Lors des projections de ce film en France et à l’étranger, le public faisait naturellement le lien entre ces événements et ceux d’une autre répression oubliée, celle de la manifestation d’Algériens à Paris le 17 octobre 1961. Les questions fusaient : Comment cette violence avait-elle pu avoir lieu en métropole ? Pourquoi a-t-elle pu être aussi facilement passée sous silence ? Combien a-t-elle fait de victimes ?… Le public cherchait des réponses. Parfois victime de connaissances approximatives, il confondait souvent cet événement avec la manifestation française anti-OAS du 8 février 1962 (manifestation de Charonne). »

Un travail de recherche

« Cette méconnaissance s’explique aisément. Absente des manuels scolaires, cette histoire est tout d’abord étouffée, puis simplement ignorée pendant de nombreuses années. De plus, la bataille des chiffres que se livrent les historiens sur le nombre de victimes n’a fait que brouiller les cartes et jeter le trouble sur ce qui s’est réellement passé. Au cours de ce travail préparatoire, j’ai pu obtenir toutes les dérogations nécessaires pour consulter les archives (de la Préfecture de police pour les Archives de la police, des Archives nationales pour les archives du gouvernement, etc.). Ce travail de recherche m’a permis de trouver une matière exceptionnelle. »

Une vérité remplaçant les non-dits

« De très nombreux documents inédits (rapport, films, photos…) permettent d’apporter un nouvel éclairage sur ces événements. Mon but n’était pas de réaliser un documentaire historique classique. J’ai eu envie de faire ce film pour que la vérité remplace les non-dits et de souligner la dimension humaine de cet épisode trop longtemps tu. De faire émerger les paroles de certains acteurs de l’époque et de mettre le spectateur en immersion, en utilisant tout au long du film les deux médias les plus consultés à l’époque par les Français, la radio et la presse écrite. ».

La réalisatrice Yasmina Adi (à droite) recueillant un témoignage

Attention: concours de jeunes talents

L’ambassade des Etats-Unis lance un concours interactif  de découverte et de promotion de jeunes talents algériens. Vous avez du talent ?  Vous dansez ?  Vous jouez d’un instrument de musique ?  Vous chantez ?  Vous avez votre propre manière de vous exprimer ? Vous créez ? Peu importe votre art, montrez et démontrez-le!  Créez une vidéo et mettez-la sur YouTube.com, puis rendez-vous sur la page Facebook(www.facebook.com/USEmbassyAlgiers) et partagez-la sur le mur !  Les inscriptions sont  ouvertes jusqu’au 8 Février 2012 et le concours est ouvert à tous les Algériens. Le gagnant se verra offrir un séjour tout frais payés aux Etats-Unis…Alors n’attendez plus et révélez votre talent !

Algerians got talent!

Décès de Chérif Kheddam, grande figure de la chanson kabyle

Chérif Kheddam ayant innové de par une recherche rhapsodique et chorale( photo: musiquekabyle.com)

L’une des figues emblématiques de la chanson kabyle, Chérif Kheddam, l’auteur de Elemri (le miroir), est décédé, aujourd’hui, 23 janvier 2012, dans un hôpital parisien. Il était âgé de 85 ans et il était dialysé depuis une quinzaine d’année.

Chérif Kheddam est l’un des monuments de  l’histoire de la musique kabyle et algérienne. Il était auteur, compositeur et interprète. Il est  est né le 1er janvier 1927 à Ath Bou Messaoud, un village situé à Ferhounène dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Son père l’envoie d’abord à l’école française qui se trouve à 17 km de son village puis chez Cheikh Oubelkacem de la zaouïa de Boudjelil à Tazmalt dans la wilaya de Béjaia où il suivait des  cours coraniques jusqu’en 1942. Il regagne Alger pour y travailler comme journalier à l’âge de 12 ans pendant trois ans puis part en France en 1947 et s’installe à Saint-Denis puis à Epinay. Il travaille dans une fonderie puis dans une entreprise de peinture de 1947 à 1961 en prenant en parallèle des cours de solfège. Il apprend les bases de la musique orientale avec Mohamed Jamoussi et développe sa technique musicale grâce aux cours du professeur Fernand Lamy.

Elemri (le miroir)

Il commence à jouer au sein d’une troupe de musiciens dans des cafés dès 1954 en tant que chanteur. Il enregistre sa première chanson « A Yellis N’tmurtiw » qu’il compose en 1955 qui connait un certain succès grâce la diffusion du disque par la Radio-Télévision Française (RTF) et signe un contrat avec la maison Pathé-Marconi EMI en 1956.
Chérif Kheddam enregistre durant l’année 1958 ses plus belles chansons comme Nadia, Djurdjura et Khir Ajellav n’Tmurtiw. Il chante la femme kabyle, l’exil, les montagnes de Djurdjura, l’indépendance et l’amour dans une poésie subtile et sensible tout en affirmant que pour lui la musique reste plus importante que les paroles. Il compose « Alemri », un bijou musical et poétique qui devient l’une de ses célèbres œuvres éternelles.
Il rentre en Algérie en 1963 et rejoint la radio Chaîne II où il anime plusieurs émissions notamment « Ighennayen Uzekka » dans laquelle il déniche les nouveaux talents de la chanson kabyle en les conseillant et encourageant dans le choix de leur voix artistique comme Lounis Aït Menguelet, Idir, Imazighen Imula et le groupe Yougourten. Il est derrière la création de la chorale du lycée Fatma-N’soumer et la célèbre chanteuse kabyle Malika Domrane fait partie de l’une des chorales lycéennes qui ont reprit cette idée.
Il a marqué la scène musicale algérienne en général et kabyle en particulier à travers un fabuleux patrimoine poétique et musical qu’il a laissé en plus d’avoir propulsé certains jeunes talents en stars de la chanson.

 Un grand apport à la chanson kabyle

Le journaliste et musicologue, Nasreddine Baghdadi se souviendra  de Chérif Kheddam, d’un grand Monsieur de la chanson kabyle : «  Je connaissais le regretté Chérif Kheddam. Il a travaillé à la Radio nationale, à la chaîne II-d’expression kabyle-, dans les années 1970. Cherif Kheddam a été d’un très bon apport à la chanson kabyle. C’est lui qui a introduit la touche orientale et charqui dans la chanson kabyle. Et ce, en intégrant l’oûd  (le luth) ainsi la direction classique et chorale. Il évoluait avec une formation classique avec une chorale. Une démarche singulière. On reconnaît tout de suite son style et sa musique parmi tant d’autres.  C’était un chic type, un brave homme et un grand chanteur et musicien… ».

Chérif Kheddam, un certain regard sur la chanson kabyle( photo:musiquekabyle.com)

Aziz Sahmaoui, un universitaire du gnawi

L’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC) lance un ambitieux programme thématique pour l’année 2012. Des rendez-vous  se déroulant sur trois jours consécutifs. Le thème de ce mois est baptisé « Andalousie, Maghreb,  terrres d’accueil ». Aussi, l’insigne honneur d’étrenner cet événement et de surcroît, musical, est revenu au talentueux instrumentiste et chanteur Aziz Sahmaoui (and The University of Gnawa). Aziz Sahmaoui, l’enfant terrible de Marrakech (Maroc), a un grand fan-club en Algérie. Il se produira le mardi 24 janvier à la salle Ibn Zeydoun d’Alger

Aziz Sahmaoui et sa nouvelle formation

Aziz Sahmaoui est une véritable source d’inspiration pour beaucoup de musiciens de la nouvelle génération. Au coeur de l’Orchestre National de Barbès ou aux côtés de Joe Zawinul, il n’a cessé de valoriser la musique traditionnelle maghrébine tout en étant à l’écoute des courants les plus modernes du jazz et de la fusion. Aziz a grandi à Marrakech où se tient le festival Ksar El Badii qui représente depuis plusieurs décennies le creuset culturel et sonore des différentes tribus du Maroc. Dès l’âge de 7 ans, son père l’y conduit et c’est là qu’il s’est imprégné des musiques traditionnelles : chaâbi, Ahwache, Nass el ghiwane, Lemchahab et plus particulièrement la musique des Gnawas. A 14 ans , il forme son groupe, travaille le chant, les instruments à cordes et touche ses premiers cachets de musicien.

Homme orchestre…national de Barbès

A la fin des années 80, à l’issue de ses études de lettres, Aziz décide de s’installer en France où il fait des rencontres parmi les plus décisives de sa carrière. Il devient l’un des fondateurs, leaders et compositeurs du groupe world phare des années 90 : l’Orchestre National de Barbès (ONB) avec lequel il fait découvrir aux publics et aux professionnels un nouveau style musical mêlant les rythmes maghrébins dans toute leur diversité au jazz et à la fusion. Avec l’ONB, il a sillonné les scènes du monde entier à l’occasion de concerts dans les lieux référents et prestigieux, tout en multipliant les scènes intimistes.  Il a collaboré avec les meilleurs artistes de jazz du moment (tournées et enregistrements de disques), parmi lesquels le guitariste Nguyên Lê avec le groupe Maghreb and  Friends, Michael Gibbs et le WDR (big band de la Radio de Cologne), le groupe de fusion Sixun.

 Nouvelle formation

Enfin, en 2005, Joe Zawinul invite Aziz pour l’enregistrement de son double album live « Vienna night » au Birdland de Vienne en Autriche. Il a dès lors et jusqu’à la disparition du maître en septembre 2007, été membre du groupe Zawinul Syndicate. En forme d’hommage, ce dernier continue aujourd’hui à se produire, composé de Paco Sery (batterie), Alioune Wade (basse électrique), Alegre Coréa (guitare), Jorges Bezera Jr (percussions) et Aziz Sahmaoui (chant, guembri et percussions). En 2010 Aziz enregistre son premier album solo avec son nouveau groupe « University of Gnawa » réalisé par le producteur Martin Meissonnier. Le groupe est composé de cinq membres en plus d ‘Aziz : Alune Wade (basse), Cheikh Diallo (kora, claviers), Hervé Samb (guitare), Guillaume Pihet (percussions) et Amar Chaoui (percussions).

La bande...originale du gnawi

Salle Ibn Zeydoun

Riadh El Feth-Alger

*Mardi 24 janvier à 19h30

Concert événement de Aziz Sahmaoui

and The University of Gnawa avec la participation

du grand batteur Mokhtar Samba

Prix : 500 DA

Point de vente au niveau de l’OREF

*Mercredi 25 janvier à 19h30

Concert de Louis Winsberg

 *Jeudi 26 janvier à 19h30

 Concert de Calle Cerezo  Majestad  Flamenca

Etta James : le blues d’une sister soul

C’est  une  très grande dame de la soul music, du blues et du rythm’n’ blues qui vient de s’éteindre. La diva américaine,  Etta James, l’auteure de hits comme Dance With Me, Henry, At Last, Tell Mama, ou encore  I’d Rather Go Blind,  est décédée vendredi à l’âge de 73 ans . Et ce, des suites d’une leucémie, à l’hôpital de Riverside Community, à Los Angeles (Californie)

La diva Etta James chantait avec ses tripes: la rage de vaincre, de vivre et survivre

Etta James, née Jamesetta Hawkins, à Los Angeles en Californie, vit le jour le 25 janvier 1938. Elle était une chanteuse à l’étendue vocale et musicale très variée et riche excellant dans le blues, le rhythm and blues, le rock and roll, la soul, le gospel ou encore  le jazz . Elle a débuté sa carrière au  milieu des années 1950 et deviendra célèbre avec des succès tels que Dance With Me, Henri, At Last,  Tell Mama , et Rather Go Blind. Etta James a  vécu des problèmes personnels dont la toxicomanie. Mais elle fera un come-back remarqué dans les années 1980 avec l’album The Seven Year Itch. Elle est considérée comme l’artiste afro-américaine ayant fait la parfaite jonction entre le rhythm and blues et de rock and roll. Saluée par ses pairs et respectée par la nouvelle génération de chanteuses et chanteurs de R’n’B, Etta James a été la récipiendaire de 6 Grammy Awards ( Oscar de la musique) et 17 Blues Music Awards ( distinction du blues).

BAD GIRL

Elle a été intronisée au Rock & Roll Hall of Fame en 1993, au Grammy Hall of Fame en 1999 et en 2008 et au Blues Hall of Fame en 2001. Le fameux magasine musical américain Rolling Stone a classé Etta James 22e sur la liste des 100 plus grands chanteurs de tous temps et 62e parmi les 100 plus grands artistes.  « Les “bad girls”( mauvaises filles) ont mon look. J’ai toujours voulu être différente des autres. Rare, quoi ! Je voulais être remarquée. Je voulais être exotique comme les choristes du Cotton Club. Et évidemment, je voulais être la plus flamboyante. C’est juste ce que je voulais être.  Ma mère a toujours voulu que je devienne une chanteuse de jazz mais j’ai toujours voulu être audacieuse, truculente et « shocking » confie-t-elle dans sa biographie publiée en 1995 intitulée Rage to Survive( la rage de survivre).

TWITTER REACTIONS

La chanteuse de R’n’B, Beyoncé ayant campé le rôle de la diva Etta James dans le biopic Cadillac Records (2008) lui a rendu un fort et vibrant hommage : «  C’est une énorme perte. Etta James était l’une des plus grandes  chanteuses de notre époque. Je suis tellement chanceuse d’avoir eu l’occasion de rencontrer une telle reine. Ses contributions à la musique lui survivront.  Sa manière de chanter, de façon profondément chargée en émotion, vous racontait une histoire sans aucun filtre. Elle n’avait peur de rien, elle avait des tripes. Elle nous manquera. ». Will.i.am des Black Eyed Peas n’est pas en reste : « Montrer respect, appréciation et amour pour toute sa merveilleuse musique qu’elle a apporté pour le monde… ». MC Hammer, l’ex-rappeur se souviendra : « Quand elle chantait, elle avait le don d’être « La Chanson », la douleur, l’amour et la gloire ! ».  Jessie J, la nouvelle sensation anglaise R’n’B révérera sa mémoire : «  Je viens d’apprendre la disparition d’une légende. Merci pour votre voix et votre dédicace (musicale) ! ».  Etta James était une sister soul. Dont acte ! R.I.P. Etta James !

La chanteuse Beyoncé a campé le rôle de sa "mère spirituelle", Etta James, dans le biopic Cadillac Records, en 2008

 

 

Mathieu Boogaerts, French Touch

Le chanteur Mathieu Boogaerts sera en concert à l’Institut Français d’Alger, le jeudi 16 février 2012. Une occasion pour découvrir la French touch, pas  de l’electronica mais celle de la chanson française. Et puis, sur scène Mathieu Boogaerts aime à surprendre son auditoire avec des titres inédits ou des interprétations déjantées.

Mathieu Boogaerts sur scène avec sa "complice", Luce

Mathieu Boogaerts est jeune auteur-compositeur-interprète français ayant passé ses vertes années non loin des bords de Marne. Découvrant très tôt les plaisirs de la musique, il quitte les bancs de l’école à 18 ans, et part en voyage à travers le monde, essentiellement en Afrique. Pendant un séjour de six mois au Kenya, il écrit quelques titres et en particulier une chanson au rythme original et chaloupé, «Ondulé». Le son et le style très nouveaux de sa musique permettent au jeune chanteur de décrocher un contrat avec le label Remark. L’année 1996 voit la sortie d’un premier album remarqué, « Super ». Il commence une tournée, notamment avec celui qu’il admire depuis toujours, le Néerlandais Dick Annegarn. Continuant sans interruption à composer des morceaux, le voilà prêt à sortir en 98 un nouvel album,  « J’ en ai marre d’être deux »

 De « petits bijoux » de la chanson française

 Dès la fin de l’été, il repart sur les routes, prenant le chemin des écoliers qui le mène en Belgique ou au Japon. Remercié par sa maison de disques, Mathieu Boogaerts disparaît de l’actualité jusqu’en 2002. Un nouvel album est enregistré au cours de l’été et paraît le 24 septembre sous le nom de « 2000 ». Après un repos bien mérité, le chanteur retrouve le chemin des studios mi-septembre 2004. Un an plus tard, il sort son album « Michel » qui s’accompagne d’un film amateur sur le travail d’un auteur compositeur. Filmé par Boogaerts lui-même, cette vidéo est une petite réussite très appréciée de ses fans. Véritable touche-à-tout, il n’hésite pas à s’enfermer tout seul dans un studio à Bruxelles pour réaliser de façon quasi artisanale « I Love You », sorti en 2008. Consciencieux et passionné, Mathieu Boogaerts livre à son public des petits bijoux de la chanson française. Une valeur sûre de la chanson à texte.

Philosophe

D’une grande humilité, Mathieu Boogaerts indique avec philosophie : « On me proposa de juteux contrats. J’avais alors 24 ans. Tout cet enthousiasme était très épanouissant. Et la sensation que mon intime conviction était fondée, très rassurante. Mais je savais que tout ne faisait que commencer. Quinze ans et cinq albums plus tard, on me propose d’écrire un livre sur ma musique. J’accepte. Pourtant, je ne sais pas grand-chose, vraiment. Je ne sais pas pourquoi je fais de la musique plutôt qu’autre chose. Je ne sais pas pourquoi je fais cette musique-là plutôt qu’une autre. Je ne sais pas pourquoi je me sens si bien quand j’y arrive, et si mal quand je n’y arrive pas. Je ne sais pas non plus combien de temps encore des idées tomberont du ciel. Et aurai-je toujours ce puissant désir de les capturer et d’en faire quelque chose ? Je ne sais même pas ce après quoi je cours, au fond. Et ai-je vraiment envie que ça marche ? Je ne sais pas grand-chose, non. Tous mes disques ont d’ailleurs failli s’intituler comme ça : « Je ne sais pas. ».  La seule chose que je sais, et que je peux tenter d’expliquer, c’est comment je fais. Autodidacte moi-même, je m’aperçois encore aujourd’hui, en côtoyant des musiciens qui ont appris de manière académique, à quel point le fait d’apprendre par soi-même, et donc de ne pas trop savoir ce que l’on joue, stimule l’imagination et rend tout possible. Moi je dis ça, je dis rien… »

Institut français d’Alger

7, rue Hassani Issad-Alger

Le jeudi 16 février de 19h à 21h

Concert de Mathieu Boogaerts

Métro, ligne 1, station Tafourah-Grande poste

Un regard intimiste sur la musique

 

Oscars : George Clooney goes to Hollywood

George Clooney a enfin tourné sous la direction d’Alexander Payne ! Un souhait cher à l’acteur, lequel n’avait pas pu jouer le rôle principal du dernier film du cinéaste, Sideways, il  y a 7 ans de cela. Le réalisateur avait alors promis de lui confier le personnage central de son prochain film. De bon augure !  Et pour cause ! George Clooney  sera immanquablement oscarisé pour la seconde fois, sept ans…de réflexion  après Syriana  de Stephen Gaghan ( Best supporting actor)

George Clooney et la jeune actrice au talent prometteur, Shailene Woodley

The Descendants d’Alexander Payne a  remporté dimanche soir à Beverly Hills,  le trophée du meilleur film dramatique,  lors de la 69e cérémonie des Golden Globes.  Un succès face à La couleur des sentiments, de Tate Taylor, Hugo  Cabret, de Martin Scorsese, Les marches du pouvoir de George Clooney, Le   stratège, de Bennett Miller, et Cheval de guerre de Steven Spielberg. Le film a également rapporté à George Clooney le Golden Globe du meilleur   acteur dramatique. Le pitch du film ? À Hawaii, la vie d’une famille bascule. Parce que sa femme vient d’être hospitalisée suite à un accident de bateau, Matt King( George Clooney)  tente maladroitement de se rapprocher de ses deux filles, Scottie, une gamine de dix ans vive et précoce, et Alexandra, une adolescente rebelle de dix-sept ans. Il se demande aussi s’il doit vendre les terres familiales, les dernières plages tropicales vierges des îles, héritées de ses ancêtres hawaiiens. Quand Alexandra lui révèle que sa mère avait une liaison, le monde de Matt vacille. Avec ses deux filles, il part à la recherche de l’amant de sa femme. Durant une semaine essentielle, au fil de rencontres tour à tour drôles, perturbantes et révélatrices, il va finalement prendre conscience que sa principale préoccupation est de reconstruire sa vie et sa famille…

Touchante humanité

En incarnant le personnage de Matt King, George Clooney « endosse » deux statuts lui faisant défaut dans la vie de tous les jours : celui de mari et celui de père ! Le comédien bénéficie, avec The Descendants, d’un rôle écrit « rien que pour lui », selon le réalisateur Alexander Payne : « En créant le personnage de Matt comme un mari en état de choc, un père inexpérimenté et un propriétaire terrien de Hawaii mal à l’aise vis-à-vis de sa condition sociale, Kaui Hart Hemmings (auteure de la nouvelle) s’est amusée à imaginer qui pourrait incarner cet homme à l’écran. Déjà, c’est le nom de George Clooney qui lui est venu à l’esprit, un comédien connu pour ses interprétations marquées par un humour sombre et une humanité toujours merveilleusement touchante. » .  L’actrice Amanda Seyfried, précédemment vue dans Chloe ou Le Chaperon Rouge, a passé l’audition pour le rôle d’Alexandra, la grande sœur. Malheureusement pour elle, la belle blonde n’a pas tapé dans l’œil de la production ! La voix off qui émane de la télévision à la fin du film est celle de l’acteur américain Morgan Freeman, un grand habitué de ce genre d’exercice (Conan, La Guerre des Mondes, Les Evadés, etc.).

Itinéraire d’un enfant  «  gâteux »

The Descendants est la 5ème réalisation d’Alexander Payne, et son 5ème film à explorer le thème de la crise existentielle, un sujet particulièrement apprécié par le metteur en scène, lequel expose ici l’itinéraire d’un quinquagénaire en quête de reconstruction : « C’est un individu complexe, imparfait, qui cherche son chemin dans un univers de folie, d’émotions douces amères et de surprises. Matt (George Clooney) n’est ni un héros ni un anti-héros. Comme l’enseignant envieux joué par Matthew Broderick dans L’Arriviste, le retraité pessimiste incarné par Jack Nicholson dans Monsieur Schmidt et l’amateur de vin quadragénaire en perte de repères campé par Paul Giamatti dans Sideways, Matt King n’est pas l’homme qu’il aurait voulu être », explique le cinéaste. The Descendants est tiré du premier roman éponyme de Kaui Hart Hemmings, un livre unanimement salué par la critique. Surprise lorsqu’elle entendit parler d’une adaptation cinématographique, l’auteure s’est immédiatement dite enchantée au moment où elle apprit que le cinéaste prenant en main le projet n’était autre que le réalisateur de Sideways, l’un de ses films préférés.

George Clooney heureux...et élu!

Transit et transitions à Amman

Transit Cities  de Mohammed Hushki (Villes Transit) est une bonne toile de Jordanie. La preuve ! Elle a séduit les cinéphiles, jeudi soir. Et ce, à l’occasion des Journées du film jordanien à  Alger, se tenant les 12, 13 et 14 janvier 2012

Affiche du film « Transit Cities » de Mohammed Hushki

La preuve patente du succès et de surcroît d’estime de  Transit Cities, c’est qu’il a été encensé par la critique et les professionnels. Ce film  a été le récipiendaire du Prix spécial du jury et de celui de l’Association internationale des critiques de cinéma du Festival de Dubaï( 2010). Ainsi que l’award (récompense) de la première œuvre décerné par le Festival du dialogue des cultures cinématographiques de New York. Le pitch ? Après 14 ans d’absence, Leïla,  divorcée, 36 ans, vivant aux Etats-Unis, revient en son pays, la Jordanie. Elle découvre que sa famille, Amman, les gens, la société ont complètement changé. Aussi, est-elle emportée dans maelstrom de contraintes, contradictions et autres « contrariétés ». Elle qui avait une image d’Epinal de sa nostalgique Jordanie où régnait la tolérance.

« Etat »… de chocs

Le jeune réalisateur, Mohammed Hushki, pour un début filmique, ficèle bien son long métrage. De par une trame crédible, réelle, réaliste et  voire courageuse. Car il brise les tabous, exhibe l’antinomie de la société arabe, dévoile et nomme, par des séquences poignantes et surréalistes l’ineptie. A l’image de la séquence du banquier islamiste  demandant à Leïla (arborant un tailleur pour un rendez-vous professionnel)  de couvrir ses jambes. Car cela est indécent et  contraire à la religion. Ou bien celle où son propriétaire surgit chez-elle (se croyant chez-lui) pour l’agresser et l’expulser pour avoir reçu son ami et avoir consommé du vin. Bref, «  la police » de Dieu et frère orwélien (Big brother is watching you, le grand frère te surveille). Un film digeste et éloquent. Une belle leçon de tolérance à méditer. Le court métrage  Bahya et Mahmoud de Zaid Abu Hamdan, projeté en ouverture, est œuvre emplie de poésie et d’humanisme. Cependant, la projection du film  Transit Cities a été émaillée par un comportement, jurant avec la cinéphilie, de certains spectateurs ne respectant guère le cinéma. Bavardages, conversations au téléphone, commentaires, rires et même applaudissements en plein film. No Comment !

L'actrice jordanienne Saba Mubarak

 

 

LA JORDANIE FAIT SON CINEMA A ALGER

Le cinéma jordanien s’invite à Alger. Aussi, la capitale est l’hôte des  Journées du cinéma jordanien se déroulant du 12 au 14 janvier 2012 et qui , par extension, observeront des haltes dans plusieurs villes du pays disposant d’une salle de  répertoire de la Cinémathèque Algérienne. Une initiative sous les auspices du  ministère de la Culture, entrant dans le cadre de la coopération culturelle   entre l’Algérie et la Jordanie,  l’AARC( Agence Algérienne pour le Rayonnement Culturel) et avec la collaboration  de la Royal Film Commission de Jordanie.

Affiche des Journées du cinéma jordanien

 Depuis une dizaine d’années, particulièrement, le cinéma jordanien connaît une dynamique de développement marquée. Cet essor résulte en grande partie de la création de la Royal Film Commission  en 2003, organisme autonome dirigé par un Conseil présidé par  Son Altesse Royale, le Prince Ali Bin Al Hussein.   Aujourd’hui, le cinéma jordanien propose des films novateurs qui mettent en valeur l’histoire de la Jordanie et traitent des questions de société, notamment par de jeunes cinéastes émergents. Les Journée du cinéma jordanien d’Alger, est une occasion pour faire découvrir aux cinéphiles et autres acteurs et actants du cinéma algérien, le film jordanien et sa  « nouvelle » vague.

Au menu du programme figurent des projections de longs et courts métrages comme  « Villes transit » de Mohamed Hachki, « Chraksa » de Mahieddine Kandour et « Captan Abou Raed » de Amine Metalka,  « Mawt moulakim » (La mort d’un boxeur) de Naji Abou Nouar , « Kaâb aâli » (Talon aiguilles) de Fadi Hadad et « Bahia et Mahmoud » de Zayd Abou Hamdane.

Cette initiative culturelle fait suite aux Journées du cinéma algérien à Amman, durant l’été 2011, où trois longs métrages de fiction avaient été présentés au public jordanien : « L’envers du miroir » de Nadia Cherabi, « Mascarade » de Lyes Salem et « Hors la loi » de Rachid Bouchareb.

Durant les Journées d’Alger, la Royal film Commission sera représentée par Madame Nada Doumani, responsable de la communication.

Lieu et horaires des projections : Cinémathèque d’Alger. 26, rue Larbi Ben M’hidi, Alger centre.Tousles jours à17 h30.

http://www.aarcalgerie.org

Tournage en Jordanie( Royal Film Commission)

HOMMAGE A BOUDJEMAA EL ANKIS

                                      UNE LEGENDE VIVANTE   DU CHAABI

Sous les auspices du ministère de la Culture et en collaboration avec l’Office Riadh El Feth, un Jubilé spécial  sera organisé, demain, 5 janvier 2012, à 19h, à la salle Ibn Zeydoun, à Alger et ce, en l’honneur et surtout hommage au grand maître de musique chaâbi,  Cheikh Boudjemaâ El ankis. Un maître, une légende vivante, un doyen, une gloire nationale. Du haut de ses 85 ans, un monument contemplant une carrière de… 70 ans ! Boudjemâa Mohammed, né le 17 Juin 1927 à la Casbah d’Alger au sein d’une famille originaire d’Azeffoun, est un auteur, compositeur et interprète algérien.

Le grand maître du chaâbi, Boujemaâ El Ankis

Il obtient son certificat d’études primaires en 1939 et commence à travailler chez son oncle, propriétaire d’une crémerie, avant de rejoindre Sid Ahmed Serri, au greffe de la cour d’Alger. De 1939 à 1945, Mohamed Boudjemaâ qui rêve déjà de devenir El Ankis (diminutif d’El Anka) qui était d’ailleurs originaire d’un village voisin de celui du jeune chanteur. Il s’essaie à la mandoline puis à la guitare, tout en écoutant et en enregistrant les grands maîtres.

Mais il a fallu attendre 1957 pour qu’il s’initie à l’arabe aidé par un oncle paternel. Grâce aux leçons de Chouiter et de Mohamed Kébaili, dont la troupe travaillait sous l’égide du PPA à la fin des années 30, il fera la connaissance d’artistes tels que cheikh Saïd El Meddah, aussi prestigieux à l’époque que Mustapha Nador. En 1942, l’apprenti qu’il était exécutera, pour la première fois en public, à l’occasion d’un mariage, Ala Rssoul El Hadi Sali Ya Achiq, un poème classique du genre.

Dans une troupe créée en 1945, Boudjemâa évolue entre El Anka et Mrizek, les deux monstres sacrés de l’époque. Il débute avec un répertoire de medh comprenant essentiellement les quacidate, Chouf li Ouyoubek ya Rassi, Ya Ighafel, Ya Khalek lachia, Zaoubnafi H’inak et El Bar, de différents poètes du genre.

Toutefois, une part importante du répertoire d’El‑Ankis lui fut transmise au debut de la Seconde Guerre mondiale par Cheikh Said El Meddah. Grisé par le succès, il se met à faire un travail personnel d’arrangement musical et, au milieu des années 50, il se lance dans la chansonnette, expérience qui tourna court du fait que la maison Phillips dont le directeur artistique était Boualem Titiche, lui refuse ses œuvres. Découragé, il décide de ne plus chanter, casse son mandole et s’engage comme gardien d’un HLM.

C’est aussi la guerre de libération qui commence. Il ne fut pas épargné parce qu’il sera arrêté et torturé, à deux reprises par les services spécialisés de l’armée coloniale, en 1957 et en 1960. Sa sortie de prison coïncide avec une reprise avec l’art. Djana El Intissar dont il est l’auteur des paroles et de la musique évoquant les manifestations du 11 décembre 1961 est un hymne à l’indépendance. Pour cibler la jeunesse algérienne, Boudjemâa El Ankis fait appel à Mahboub Bati et dès 1963, la « guerre » éclate: au lieu et place du chaâbi de quartier, Mahboub BATI mettra au devant de la scène Boudjemaâ El ANKIS par de nouvelles chansons écrites dans la langue algérienne. Le marché et les ondes sont bombardés d’une soixantaine de tubes à succès dans la veine des Tchaourou ‘Alia, Rah El Ghali Rah, Ah ya intiyya. Le secret de la réussite: l’utilisation de la langue populaire algérienne, de nouvelles compositions musicales et du rythme.

Le créneau sera exploité par des chanteurs plus jeunes tels que Amar Ezzahi, El Hachemi Guerouabi, Hassen Saïd et Amar El Achab. Boudjemaâ El Ankis n’a pas beaucoup brillé dans l’interprétation des qacidates et il n’était devenu célèbre que grâce à Mahboub Bati Après une éclipse de quelques années, El Ankis est revenu sur la scène artistique avec les reprises des Chansons de Mohamed El Badji